Commentaire d’œuvre 5 > Rhinocéros, Ofer JOSEF

La technique des dessins d’Ofer Josef est à la fois classique et personnelle. Utilisant toujours de l’encre noire et du papier épais, l’artiste trace, imbibe et fait boire le papier autant qu’il le travaille et joue sur les séchages. Les blancs sont laissés en réserve ou mis en lumière grâce à une surface reprise par suppression d’une fine couche supérieure, produisant un effet de lumière inédit.

Ici, c’est l’un des registres préférés de l’artiste qui est présenté : le dessin animalier.
Un rhinocéros imposant, bien campé sur ses quatre pattes, est fièrement dessiné de profil, la tête bien parallèle au corps et le regard déjà loin. Le trait qui le façonne est tout aussi réaliste que romantique. Sur son dos, le chevauchant, on devine une autre créature : c’est un petit démon – acolyte de prédilection des œuvres d’Ofer Josef – qui semble tout aussi confiant et joue d’un instrument à vents.

Trop d’illustres références sont possibles et pourtant, un style propre et unique se dégage de chacune de ces compositions noires et lumineuses. On se souvient des dessins de Delacroix, des sculptures de Barye, on pense aux noirs de Redon, aux influences orientalistes, et surtout, on entrevoit ici du Goya, pour ce qu’il y a de sombre et de jamais tout à fait rassurant… Du simple prétexte du tracé de sujets aimés à de multiples thèmes qui semblent hanter l’artiste, c’est toujours un voyage dans un bel oxymore fait d’humour noir et d’originalité brillante.

Laure Saffroy-Lepesqueur

The technique of Ofer Josef’s drawings is both classic and personal. Always using black ink and heavy paper, the artist traces, soaks and makes the paper drink as much as he works on it and plays with the dryings. The whites are left in reserve or highlighted thanks to a surface reworked by removing a thin top layer, producing a unique lighting effect.

Here is one of the artist’s favorite registers that is presented: the animal drawing.
An imposing rhino, firmly planted on its four legs, is proudly drawn in profile, its head parallel to the body and its gaze already far away. The line that shapes it is just as realistic as it is romantic. On his back, riding him, we can guess another creature: he is a little demon – a favorite sidekick in the works of Ofer Josef – who seems just as confident and plays a woodwind instrument.

Too many illustrious references are possible and yet, a clean and unique style emerges from each of these black and luminous compositions. We remember the drawings by Delacroix, the sculptures by Barye, we think of the blacks of Redon, with orientalist influences, and above all, we catch a glimpse here of Goya, for what is dark and never completely reassuring … From the simple pretext of drawing loved subjects to multiple themes that seem to haunt the artist, it is always a journey into a beautiful oxymoron made of black humor and brilliant originality.