Commentaire d’œuvre 6 > Georgina de dos & Georgina in stripes, H. Craig HANNA

Ces deux nouvelles œuvres de l’artiste H. Craig HANNA sont deux formats identiques, de taille moyenne, se répondant en miroir en s’incarnant jumelles. Les deux œuvres sont réalisées grâce à la technique désormais bien connue de Craig : à l’encre et à l’acrylique sur une plaque de Perspex, un autre nom du Plexiglas. Nous choisissons de les présenter ensemble pour leur arrivée concomitante, leur accord indéniable et leur ressemblance.
 
Sur un meuble, brun pour la femme blonde, et clair pour la femme brune, deux corps s’assoient, légèrement de trois quarts ou de dos, le visage de profil et caché par l’épaule.
Les silhouettes, solitaires, ressortent particulièrement. Elles sont éclairées par un fond délaissé volontairement à leur profit, elles règnent presque en maîtresse de la scène : les coussins et les draperies qui les entourent, si minutieusement travaillés, volent la place de second sujet. Et toujours, les aplats rencontrent le souci du détail, créant des zones complexes, côtoyant des silences picturaux. 
 
Ici, c’est au modèle que l’on pense : au corps, regardé en artiste, qui échappe au réalisme froid et permet toutes les variations qu’un support de création appliqué autorise. Le même modèle, d’une scène à l’autre, se fait blonde alors qu’elle est brune, pose plus durement que sa jumelle : ce sont les lignes et les couleurs qui veulent exister, c’est une femme « qui n’est, chaque fois, ni tout à fait la même / Ni tout à fait une autre *»… un intemporel des académies, ces dessins d’écoles d’art s’exerçant aux nus.
Mais c’est aussi déjà Degas, qui excelle « par le trou de la serrure », à représenter les moments suspendus où les corps de femmes ne sont d’aucune représentation. Et c’est aussi du Courbet, dans une audace amoureuse de la pose, plus timide, plus intime et sans allégorie.
 

These two new works by H. Craig HANNA are two identical, medium-sized formats, mirroring each other as twins. Both works are made using Craig’s now well-known technique: ink and acrylic on a plate of Perspex, another name for Plexiglas. We choose to present them together for their concomitant arrival, their undeniable harmony and their resemblance.
 
On a piece of furniture, brown for the blonde woman, and light for the dark-haired woman, two bodies sit, represented slightly in a three-quarter view or from behind, the face in profile and hidden by the shoulder.
The silhouettes, solitary, stand out particularly. They are lit by a backdrop deliberately abandoned for their benefit, they almost reign supreme: the cushions and draperies which surround them, so meticulously worked, steal the place of second subject. And always, the color patches meet the attention to detail, creating complex zones, alongside pictorial silences.
 
Here, let’s think the model: the body, seen as an artist, which escapes cold realism and allows all the variations that an applied creative medium allows. The same model, from one scene to another, goes blonde while she is brunette, poses harsher than her twin: the lines and the colors want to exist, she is a woman « who who’s never, each time, not quite the same / Nor quite another * ”… in the tradition of the academies, these nude drawings of art schools.
But it is also already Degas, who excels « by the keyhole », at representing the suspended moments when the women’s bodies are not represented. And it’s also Courbet, in a loving audacity of the pose, more timid, more intimate and without allegory.