Commentaire d’œuvre 9 > Maria en grâce – ADRIEN EYRAUD

Adrien Eyraud peint très souvent à l’huile, parfois sur carton ou sur bois, mais ici, l’artiste a choisi l’acrylique et la toile. Sur un format de taille moyenne et rectangulaire, l’artiste emploie l’acrylique, plus docile que l’huile, pour créer le portrait d’une femme. Cette technique permet d’obtenir un rendu proche de celui offert par l’huile, mais se prépare et sèche plus rapidement.

Sur un fond sombre et très légèrement dégradé, de bas en haut, du noir épais au gris profond, s’éclaircit un buste de jeune femme, comme en assomption, au visage tendu vers le haut. Brune et vêtue de noir, son regard côtoie en effet des hauteurs qu’on ne voit pas et ses cheveux lâchés, plus sombres encore que le fond, créent une ondulation dans l’obscurité qui sert d’écrin à l’expressivité du portrait.

Ce portrait, expressif donc, et empreint de spiritualité, s’inscrit dans la lignée de saintes représentées en méditation et en extase. Ici, bien que cette extase s’efface au profit d’une originale et bizarre expression mêlée d’imploration et de recueillement, on reconnaît les figures du Caravage ou du Bernin. Le spectateur contemple le visage de Maria, la femme aimée, la muse poète et pensante, qui pose et écrit. Elle ressemble à une Madeleine teintée de contrastes, évoquant le baroque sobre et sublime de Zurbaràn.
Enfin, et malgré sa filiation, elle est déjà unique, et déjà grande.

« Le beau est toujours bizarre »

Charles Baudelaire, Curiosités esthétiques (1868)

Laure Saffroy-Lepesqueur

                                                                              

Adrien Eyraud very often paints in oils, sometimes on cardboard or on wood, but here the artist has chosen acrylic and canvas. In a medium-sized, rectangular format, the artist uses acrylic, more docile than oil, to create a woman’s portrait. This technique achieves a finish close to oil, but can be prepared and dries faster.
 
On a dark background and very slightly degraded, from bottom to top, from thick black to deep gray, the bust of a young woman becomes clearer, like in assumption, with her face stretched upwards. Dark-haired and dressed in black, her gaze rubs shoulders with heights that cannot be seen and her loose hair, even darker than the background, creates a ripple in the darkness that serves as a case for the expressiveness of the portrait.
 
This portrait, therefore expressive and imbued with spirituality, is part of the lineage of saints represented in meditation and ecstasy. Here, although this ecstasy is erased in favor of an original and bizarre expression mixed with pleading and contemplation, we recognize the figures of Caravaggio or Bernini. The spectator contemplates the face of Maria, the beloved woman, the poet and thinking muse, who poses and writes. She looks like a Madeleine tinged with contrasts, evoking the sober and sublime baroque of Zurbaràn.
Finally, and despite its lineage, the canvas is already unique, and already great.
 
« Beauty is always weird »
 
Charles Baudelaire, Aesthetic Curiosities (1868)

Laure Saffroy-Lepesqueur